Un toubib pour Suigi'

Fin de soirée. Je marchais dans les ruelles sombres de mon village, toujours surveillé ou suivit par des malfrats en tout genre. Il était temps que j’aille à l’hôpital. Une vilaine brûlure me rongeait le dos et me faisait souffrir atrocement. Je ne pouvais dormir avec ça. Des petits « clacs » résonnaient à chacun de mes pas. Tout était sombre et humide. Les mains dans les poches, je me pressais et observais chaque recoin avec attention. Personne. Manque de peau, en me remettant droit, je reçu un coup violent dans le visage. Je tombais à terre, sur ma brûlure. Un homme de corpulence impressionnante me faisait face. Il parlait, mais je ne prenais pas le temps d’écouter. Il s’approchait, levant sa masse au dessus de moi. Je me faisais glisser lui faisant un croche patte. Il tomba à terre. Je me relevais et m’appuyais sur lui. Son souffle produisait de la fumée. J’enlevais mon pied et il partit loin, attaquer quelqu’un d’autre. Aussitôt, je ne ressentis plus aucune présence. Je me retrouvais devant le bâtiment de soin. J’entrais, face à face avec la queue qui se dressait. Je fis mine d’être mal en point et on me crut. Il faut dire qu’avec tout ce sang tachant ma veste … L’infirmière d’accueil appela une autre infirmière qui m’emmena à une chambre. Là, elle me demanda de retirer mon haut. J’obéis. Quelques instants après, un médecin se présenta à moi. Il m’ausculta minutieusement et m’annonça que je devrais passer la nuit ici, à l’hôpital. Je ne bronchais pas, mais savais que je ne dormirais pas ici, que je rentrerais chez moi. Il me fallait un prétexte. Je n’aurais qu’à dire que les places manquaient pour les autres patients et le tour serait joué. Je me tournais. Il observa mon dos longuement, pensif. Finalement, il demanda à l’infirmière de lui passer du désinfectant ainsi qu’une bobine de pansements imposante. Super, j’avais gagné le droit de me plaindre ! Attrapant une compresse et l’imbibant d’alcool, il la déposa sur ma peau brûler sans crier gare. Moi en revanche, j’avais crié ! Tout était nettoyé, et pourtant il repassa encore et encore. A croire que c’était un réel plaisir pour lui. Sentant que j’allais craquer, la brune avertit le docteur que la plaie risquait de saigner si il continuait à étaler le produit un peu partout. Vexé, celui-ci prit la poudre d’escampette, ordonnant à l’infirmière de terminer le travail. Je sentais le tissu du pansement s’incruster dans la blessure, mais comme j’avais déjà souffert lors du nettoyage, j’étais incapable de sentir de nouveau la souffrance. Un tour, deux tours … Toute la bobine y passa. Dés que ce fut fini, je me rhabillais et me levais avant de retomber aussitôt sur le cul. Apparemment, mon ange gardien s’était doutée que je ne comptais pas passer la nuit ici et m’avais injecté je ne sais quel produit apaisant. Je me sentais tomber dans les vaps. Elle m’observa et me parla longuement, répétant qu’il fallait que je dorme, que je récupère. Je n’avais pas vraiment le choix de toute façon. A moitié dopé, je tombais dans les bras de Morphée, espérant quand même me réveiller le lendemain. L’infirmière quitta la pièce, éteignant derrière elle, un peu avant que mes paupières lourdes ne se ferment jusqu’au petit matin.

J

e cours. Pourquoi je cours ? Aucune idée, mais je cours. Je me retourne. Une ombre gigantesque me poursuit. Je reprends ma course effrénée. Je ne me sens pas en forme. Mes jambes avancent mais moins vite que d’ordinaire. Elles sont petites, moi aussi. Une voix grave me parle, elle me dispute. Papa ? Assis. J’étais assis dans mon lit, aux aguets, bien réveillé et transpirant. Un mauvais cauchemar. Je me frottais la tête. L’infirmière venait d’arriver. Elle Observait ma brûlure, me changeait le pansement et me laissais quitter la chambre. Je descendais à l’accueil. Réglant ma somme, je quittais ce bâtiment, pressé de faire autre chose pour me changer les idées et oublier ce mauvais rêve qui se répétait depuis des jours. Toujours quand j’étais à Kiri. Ca en devenait effrayant. Devant l’immense bâtisse, je me retournais, observant l’enseigne où était écrit le mot Hôpital en lettre doré. J’ai horreur de cet endroit. Quand on y entre, on est jamais sur dans ressortir. Enfin si, mais les pieds les premiers. Je me frotte un peu de partout. La poussière et l’odeur des produits nettoyants de l’hosto étaient restés sur mes fringues. Je devais aller prendre une douche avant de ne plus pouvoir me supporter. Je me mettais donc en marche, conscient que je devais reprendre mon entraînement au plus vite.

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